ITW CHASE WALKER
En mai dernier à l’occasion du lancement parisien de Asics, on a eu la chance de passer un petit moment avec Chase Walker. En fin de journée, un samedi, non loin de Répu et ses manifestations habituelles, on s’est retrouvé autour d’un café latté, sans glaçon car dixit le serveur « here, we don’t put glaçon in ze latté ! ». Mais cela n’a pas entamé l’enthousiasme de Chase à nous parler de son parcours, son rôle dans le projet Quadrennium et de son crew des Late Nite Stars.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Chase Walker. Skateur et vidéaste originaire de Houston, au Texas. SugarLand pour ceux qui connaissent. Je vis actuellement à New York.
Tu as commencé à faire du skate au Texas ?
Oui, quand j’avais peut-être 12 ans. J’ai pratiqué un tas d’autres sports avant cela. J’ai beaucoup joué au baseball et au tennis. J’ai rencontré quelques amis au baseball qui faisaient du skate. Ils m’y ont initié durant un été et j’ai accroché direct. Au fil du temps, j’ai fini par arrêter tous les autres sports pour me concentrer uniquement sur le skate. C’était l’exutoire le plus excitant pour moi clairement.
En quoi c’était plus excitant que les autres sports ?
J’ai grandi au travers de ces sports mais sans m’y impliquer davantage. Contrairement au skate, que j’ai pris très vite au sérieux. C’était quelque chose sur lequel je voulais passer du temps. Je n’ai jamais arrêté de skater depuis l’âge de 12 ans environ.
Comment tu t’es mis au filming ?
Aussi tôt que j’ai commencé à apprendre à skater et à faire des tricks, j’ai ressenti le besoin de les filmer. On se filmait mes amis et moi à tour de rôle avec nos caméras. Pour noël, on m’avait offert une Handycam JVC. J’ai beaucoup filmé avec cette caméra au skatepark, dans notre quartier ou devant nos maisons. On était dans une phase d’apprentissage et on adorait ça. J’avais 13 ou 14 ans.
Mais certains de mes amis ont beaucoup progressé dans le skate et à mesure qu’ils s’amélioraient, je me suis davantage intéressé au filming. Et on a commencé à travailler sur des parts ensemble. Je filmais beaucoup avec mes amis Andrew Williams et Eddie Seigfried, deux amis très proches quand j’étais plus jeune, mais aussi avec tous nos autres amis de SugarLand avec qui on avait grandi. Donc, le temps consacré au filming a en quelque sorte pris le dessus, je dirais. S/o à tous les potes de SLFP.
Quel a été ton premier projet ?
C’est difficile de déterminer avec certitude ce que c’était, mais la première vidéo que j’ai filmée était une full lenght quand j’avais entre 16 et 18 ans.
À cet âge, qu’est-ce qui t’as poussé à faire une full lenght ?
La scène locale était vraiment inspirante lorsque je vivais Houston. Il y avait beaucoup de gars vraiment bons en et ça voulait aussi dire qu’il y avait beaucoup de crews qui filmaient des full lengts. Je pense notamment à John Danielson ou Ben Ly, les mecs qui ont fait Corridor of Shame, Steady Rollin, les vidéos de Southside, etc. La vidéo de Select, Bango était un classique que j’avais adoré. Toutes ces vidéos m’ont vraiment façonné quand j’étais jeune. Je les ai tous vus faire et j’ai voulu essayer de faire quelque chose de similaire à Houston. Je ne connaissais même pas très bien ces gens à l’époque, mais on faisait un peu la même chose qu’eux mes amis et moi, on sortait et on filmait. Cela m’a donné envie de filmer des full lenghts plus jeune. DIP a été mon premier projet, il avait été présenté en avant-première au Southside Skatepark.
Comment ça avait été accueilli ?
Je pense qu’ils l’avaient aimé. Il y avait beaucoup de monde. J’ai été vraiment choqué quand tous ces gens sont arrivés, il y avait même des skateurs que j’admirais. La scène locale m’a vraiment accepté et m’a fait me sentir que je faisais partie des leurs. Honnêtement, c’était suffisant pour que je continue à filmer du skate. Cela m’a donné la confirmation au sein de la scène que peu importait la qualité de ma vidéo, les gens allaient et voudraient la regarder.
Au-delà du skate, quelles sont tes inspirations pour réaliser tes vidéos ?
Honnêtement, le monde, l’architecture, la façon dont les gens se déplacent, la musique, les sons et le rythme sont vraiment importants pour moi. Toutes ces choses ont tendance à m’inspirer. C’est un peu comme être présent dans le monde et ressentir ce qui m’entoure et voir à quoi cela pourrait ressembler visuellement. Et ça m’inspire pour skater. Parce que quand je vois un spot de skate ou que j’ai une idée de vidéo ou quelque chose de ce genre, je prends ces facteurs en considération. J’essaie aussi d’être une personne assez optimiste à propos du monde qui m’entoure et de que je vois quand je suis dans un nouvel endroit. Je ne sais pas, c’est un peu bizarre. C’est cool.
C’est une excellente réponse. Peux-tu présenter Late Night Stars ?
En fait, c’est Trung qui a lancé Late Nite Stars, c’est l’un de mes amis les plus proches aux côtés de Zak Anders. Nous sommes les trois les piliers qui avons fait de ce crew ce qu’il est aujourd’hui. Quand on a tous déménagé à New York, on a fait une vidéo. Trung l’a filmé. Et quand j’ai eu l’idée d’un nouveau projet vidéo, j’ai voulu naturellement le faire avec Late Nite Stars ainsi que toutes les suivantes.
C’est aussi une marque de vêtement ?
On a un studio à New York où on fabrique des vêtements et où on collabore sur des projets ensemble. On fait des vêtements à la main parfois, rien de fou. Ce n’est pas un truc aussi gros que les gens pourraient le penser. C’est vraiment juste notre crew en fin de compte qui skate et part en trip ensemble.
Quel est le secret pour maintenir un lien solide dans le crew ?
LNS est un collectif qui nous rassemble tous et dans lequel on essaie de s’écouter les uns les autres. On a tous une voix. Je ne dirais pas qu’il y a une seule personne qui dirige tout. On collabore tous ensemble sur les projets. Cela demande beaucoup d’écoute et en tant que filmeur, j’essaie toujours de considérer les idées que mes amis évoquent en cours de route lorsqu’on travaille sur des projets. Et même lorsqu’on est en désaccord, on essaie de se respecter les uns les autres le plus possible. On aime passer du temps ensemble à New York et faire des trips. On est un crew, une famille.
Comment vous vous êtes connectés avec Asics ?
C’était fou, je ne m’y attendais pas mais un jour, en janvier, j’ai reçu un DM de Rob Sissi. Je ne savais même pas qu’Asics se lançait en Amérique du Nord. Il m’a contacté et m’a dit qu’ils cherchaient à soutenir Late Night Stars au travers d’Asics. Pour nous, c’était une super nouvelle. J’ai pensé que ce serait une occasion vraiment unique de participer au développement d’un projet à partir de zéro.
Habituellement je porte déjà des Asics pour aller travailler. De plus, Asics est un grand nom dans la mode, je travaille sur des décors de mode, donc j’en vois beaucoup. Et pas mal de mes potes étaient déjà fans de la marque depuis des années.
Pour moi, c’est l’une des chaussures les plus cool. Quand j’ai découvert qu’ils développaient un programme de skate et que j’ai reçu leur proposition, j’ai immédiatement appelé Trung et le reste de la team et je leur ai dit « ça avait l’air fou, faisons-le« . Tout le monde était partant sans hésitation.
Comment est née l’idée de filmer le projet vidéo Quadrennium ?
Ils nous ont d’abord beaucoup soutenu en nous aidant notamment à voyager. Ils nous ont aidés avec un peu d’argent pour filmer la Circle. Puis l’idée de ce projet européen s’est présentée. Ils m’ont demandé si je voulais venir tourner une vidéo pour l’Europe parce qu’ils souhaitaient connecter LNS avec Victor et tous les gars de Marseille. Je n’avais jamais rencontré Victor, Val, Tony ou Ernest. Visiblement, ils montraient de l’intérêt pour LNS et ils avaient envie de skater avec nous. J’avais déjà vu quelques-uns de leurs footy auparavant et j’appréciais déjà leur style. Je les trouve super cools, surtout après qu’on se soit rencontrés. Le trip qu’on a fait était trop fun pour vraiment l’expliquer. La connexion à Marseille s’est faite instantanément avec tous les gars. Tout le monde a été bien accueilli et tout s’est déroulé de manière très naturelle.
J’avais l’impression de faire un pas de plus dans mon engagement avec Asics et de créer quelque chose spécialement pour eux. C’était un peu angoissant au début, mais généralement, quand tu te sens nerveux, cela signifie que tu fais quelque chose de bien.
Quelle est la différence entre créer un projet indépendant et un projet pour une marque ?
La seule chose qui diffère à ce sujet, c’est la structure et l’organisation. Il faut gérer plus de logistique et s’occuper des gens d’une manière différente. En fin de compte, ce n’est pas trop différent de monter dans un van et partir skater. Quand on a débarqué en Europe, on est arrivés ici et on est allé skater.
Le reste s’est fait tout seul. Un grand merci aux gars d’Asics qui ont fait en sorte que tout se passe bien, ils ont fait un travail fantastique.
Est-ce que tu peux présenter le projet Quadrennium ?
Le projet est plus ou moins une sorte de grande rencontre et un aperçu du projet européen avec les gens qui sont impliqués avec Asics, les shops, les riders et les représentants du Japon. L’évènement lui-même était plus une expérience pour que tout le monde apprenne à se connaître, passe de bons moments à travers le skate. Il y a plusieurs personnes ici qui viennent d’Asics Global et que je n’ai jamais rencontrées auparavant. J’ai adoré pouvoir les rencontrer. Cela a permis de confronter beaucoup plus facilement nos idées les unes aux autres. C’est super cool de rester à côté de République, aller à Créteil et organiser un contest à Bastille. Mettre des rampes à Bastille c’est vraiment cool. Les gens vont probablement adorer les skater.
-Davis Torgerson passant par là pour prendre un café-.
Salut Davis ! C’est mon TM qui passe. Davis Torgerson est vraiment le meilleur TM de tous les temps. Quand j’ai vraiment commencé à skater, le clip Since Day One venait de sortir et je le regardais en boucle. Je me souviens de la chanson sur laquelle Davis Torgeson skatait dans sa Flow Trash part, elle m’a beaucoup inspiré quand j’étais gamin. Je me souviens être allé au skatepark avec mes écouteurs en écoutant cette reprise de T.I. whatever you like (cover version). J’avais 14 ans, j’adorais ça. Et maintenant, il est mon TM, donc je me sens assez connecté spirituellement avec lui. C’est un bon gars.
Quelle est la différence entre filmer à New York et à Paris ?
Je dirais qu’il y a plus de similitudes que de différences. Les trottoirs sont bondés, les rues sont animées. Tu ne peux pas skater un spot sans avoir quelqu’un qui surveille les gens ou les voitures aux alentours.
À New York, on conduit un peu plus avec nos voitures. En fait, on conduit en banlieue ou même en ville parce qu’on aime passer du temps ensemble dans la caisse. C’est un environnement plus isolé. Je ne dirais même pas que cela reflète le skateboard new-yorkais, c’est juste quelque chose qu’on aime faire. Les skateurs new-yorkais, comme les skateurs parisiens, prennent le train, skatent, font du vélo.
C’est beaucoup plus similaire en réalité. Je dirais que Paris est différent du reste de l’Amérique. Et c’est un peu comme New York.
J’essaie de me demander s’il y a quelque chose de différent qui ressort vraiment. Je dirai que tu risques plus de faire renverser par une voiture ici parce que les conducteurs ne s’arrêtent pas vraiment. À New York, les automobilistes font plus attention, j’ai l’impression. On roule moins vite, tandis que les parisiens sont plus agressifs.
Quels sont tes plans pour l’avenir ?
Je pense que je vais vraiment essayer de profiter de l’été et beaucoup skater ! Je vais travailler sur des plus petits projets, comme peut-être sortir plus de clips de sessions qu’on fait ou simplement skater.
Je travaille sur quelques parts avec les potes. Zak travaille sur une part Sci-fi. Je l’aide sur ce projet. Plus tard dans l’année, on verra mais on parle tous de retourner au Texas pour un trip ! Depuis que LNS a grandi, on n’est pas retourné au Texas ensemble pour skater.
Dans Late Night Stars, il y a en fait trois filmeurs. C’est moi, Trung Nguyen et Nico Marti. Dernièrement, j’ai endossé le rôle principal en tant que filmeur, et je l’ai été pendant un certain temps parce que j’ai filmé plusieurs vidéos à la suite. Mais l’autre jour, je parlais à Nico, et il veut vraiment travailler sur une vidéo !
J’accepte ça, et je suis vraiment excité à l’idée de réfléchir à ma propre liste de tricks et d’essayer de me concentrer sur moi parce que j’aime aussi skater. Je n’ai eu droit qu’à trois clips l’année dernière. Ce serait bien d’en avoir six cette année ou quelque chose comme ça.
Pour moi, mon objectif présentement est de m’asseoir, de me détendre et de profiter un peu de la vie, mais je serai toujours en train de filmer. Je ne quitterai jamais la maison sans ma caméra. Je serai toujours un filmeur.
Tu as appris quelques mots en français ?
« Ouesh » c’est mon préféré.